
La ville du jazz : voilà ce qui vient spontanément à l’esprit dès qu’est évoquée La Nouvelle-Orléans.
Une association restreinte si l’on suit Éric Doidy qui, dans son dernier ouvrage, New Orleans 100 ans de musiques, nous invite à sérieusement réviser ce point de vue. Il indique combien la musique fait corps avec l’histoire de la ville portuaire et son indissociable melting-pot. Une « musique du peuple » traversée par « l’expérience de la souffrance la plus brutale » et empreinte d’une « aspiration à un monde meilleur. À La Nouvelle-Orléans, la musique unit le caniveau et les bayous éternels du grand Ciel étoilé. » Une métaphore tout aussi parlante a été captée par l’objectif de Lola Reynaerts, dont les belles photographies noir et blanc constituent un reportage parallèle. Sur le mur d’une maison du French Quarter, un collier de perles, colifichet de carnaval, est jeté sur un emblème royal, une fleur de lys en relief. « On a une tradition à La Nouvelle-Orléans : même à l’église on remue notre cul » fait remarquer le pianiste et chanteur Dr John à Eric Doidy ; dansez car ceci est mon corps semble annoncer l’eucharistie. À défaut de faire des miracles, cette musique est toutefois allée jusqu’à faire un pied de nez à la ségrégation, quand les adolescents WASP se sont mis à préférer Fats Domino aux rockeurs de leur bord.
C’est dire si depuis plus d’un siècle, au gré des périodes et de leurs évènements, « la diversité des genres musicaux qui fait La Nouvelle Orléans » foisonne de rythmes où elle a imprimé sa marque. Pour l’embrasser, Éric Doidy a retenu cent albums. À côté des repères attendus, que d’autres pistes offertes à l’écoute.